Il y a 5 ans (= 1 siècle en temps blogosphérique), j'avais écrit un article sur la dictature de l'annonceur limitant fortement la liberté des journalistes beauté. "Sauvons les journalistes beauté", qu'il s'appelait cet article.
(oui, j'ose les références grand écart ;p)
Il a dû être linké quelque part récemment car il est remonté dans mon Top10 des articles les plus lus de la semaine. Et du coup... je l'ai relu. (ici)
Et j'ai lu les commentaire aussi (vous aviez été prolifiques).
Dans ces commentaires, nombre d'entre vous pointaient du doigt un début de perte d'indépendance parallèle chez les blogueuses beauté (... et mode, lifestyle, maman, jeux vidéos, geekeries... et blogueurs au masculin bien sûr).
Depuis 5 ans, de l'eau a coulé sous les ponts. Je pourrai toujours écrire ce même article sur la presse beauté ET je pourrais aussi écrire quasiment le même en remplaçant juste "journaliste" par "blogueuse".
Parce que la donne a changé : un certain nombre de blogueuses vivent réellement de leur blog aujourd'hui. Ce qui n'était pas vraiment déjà le cas à l'époque (juste un peu d'argent de poche).
Certaines jeunes filles (et garçons - qu'est-ce que je suis sexiste et caricaturale dans ce post... mais je vais continuer comme ça pour simplifier) se lancent même dans la Blogoyoutubosphère en projetant d'en vivre, limite avec marketing mix, business plan et tout et tout. Et les ados pensent que "youtubeuse beauté" c'est un métier (... ah oui, mince, ils ont raison c'en est un, même si ce job est à peine plus fréquent que celui de ministre de la République) (... parce que ne vivre que de sa chaîne n'est pas donné à tous, rappelons-le pour limiter de violentes désillusions à ces wannabe influenceurs - en général on ne gagne rien ou juste de quoi s'offrir quelques palettes Naked).
Certaines jeunes filles (et garçons - qu'est-ce que je suis sexiste et caricaturale dans ce post... mais je vais continuer comme ça pour simplifier) se lancent même dans la Blogoyoutubosphère en projetant d'en vivre, limite avec marketing mix, business plan et tout et tout. Et les ados pensent que "youtubeuse beauté" c'est un métier (... ah oui, mince, ils ont raison c'en est un, même si ce job est à peine plus fréquent que celui de ministre de la République) (... parce que ne vivre que de sa chaîne n'est pas donné à tous, rappelons-le pour limiter de violentes désillusions à ces wannabe influenceurs - en général on ne gagne rien ou juste de quoi s'offrir quelques palettes Naked).
Bloguer est devenu tellement "professionnel" que j'ai vu passer un drôle d'échange sur Twitter il y a quelques jours : une blogueuse qui déplorait, après avoir été sollicitée par une marque pour découvrir un produit, que la marque n'aie plus envie de le lui envoyer parce qu'elle avait demandé en échange une rémunération.
Ce qui reviendrait presque à dire, si j'extrapole (même si je pense que ce n'est pas le cas de la blogueuse en question que je respecte totalement), que toute sollicitation par une marque doit forcément être rémunérée (je rappelle que pour la presse traditionnelle on envoie parfois des produits mais que la journaliste n'est pas obligée d'en parler, ni n'est d'ailleurs rémunérée par la marque pour le faire si elle le fait... exception faite des annonceurs, indirectement), voire si je force un peu le trait (ou pas tant que ça ?) qu'il peut n'y avoir que des publications monétisées sur un blog ou une chaîne.
Ce qui reviendrait presque à dire, si j'extrapole (même si je pense que ce n'est pas le cas de la blogueuse en question que je respecte totalement), que toute sollicitation par une marque doit forcément être rémunérée (je rappelle que pour la presse traditionnelle on envoie parfois des produits mais que la journaliste n'est pas obligée d'en parler, ni n'est d'ailleurs rémunérée par la marque pour le faire si elle le fait... exception faite des annonceurs, indirectement), voire si je force un peu le trait (ou pas tant que ça ?) qu'il peut n'y avoir que des publications monétisées sur un blog ou une chaîne.
Plus grand-chose de vraiment spontané, quoi. Tout est calculé. Biaisé. Plus grand-chose des blogs "journaux intimes" ou "partages d'expériences" désintéressés des débuts (hashtag dinoblogeuse hashtag vieille réac qui ne sait pas vivre avec son temps).
On ne lit plus la girl next door mais un magazine léché et sponsorisé.
On ne lit plus la girl next door mais un magazine léché et sponsorisé.
Tout cela me rappelle d'autres anecdotes, que j'entends ça et là via les agences et marques. Je vous en relate quelques unes pour vous faire marrer (ou pas).
Ces filles qui tiennent (tenaient :p) une chaîne Youtube et dont l'agent envoyait des mailings aux marques et agences de relation presse/blogs en disant qu'il restait de la place pour les "Favoris du Mois" et que si on voulait y placer un produit c'était tant. ("Favoris" de mes FESSES, oui !!!)Ces influenceuses qui acceptent de recevoir un produit pour test sans rémunération et quand on les recontacte pour savoir ce qu'elles en ont pensé, te répondent oui j'aime beaucoup et si vous voulez une publication ça serait avec plaisir mais c'est tant. (où est l'honnêteté d'annoncer la couleur AVANT d'accepter un simple envoi produit ?)Ces youtubeuses qui demandent de tester 10 produits (10 produits !) et quand tu les relances 3 mois après, te répondent par un mail formel pré-formaté digne d'une réponse négative de DRH que oui mais non, malgré la qualité de blablabla, AUCUN produit ne leur a convenu. Aucun. Zéro. Sur dix. (... et parallèlement elles prévoient des "Favoris du Mois" avec des produits qu'elles n'ont pas encore essayé mais qu'elles adoreront parce qu'elles sont rémunérées pour)
Et grand classique, ces filles qui "omettent" de préciser qu'un post, une vidéo ou une photo Instagram est rémunérée. (que la jeune Youtublogueuse / blogueuse mode est tête en l'air !...)
Des pratiques pour lesquelles vous n'êtes certainement pas dupes, chers lecteurs, mais quid des pré-ados de 12 ans et demi ? Et quid de l'essence des réseaux sociaux, de l'information désintéressée, du partage d'expérience ? De l'indépendance rédactionnelle ?
Alors attention, je ne dis pas qu'une influenceuse (ce mot... -_-) ne doit pas être rémunérée pour son travail, et même au contraire. Et d’ailleurs, à l'inverse, les marques et agences abusent vraiment VRAIMENT parfois en les prenant pour des médias bêtes, gratuits et corvéables à merci (ceci étant un autre sujet).
Moi-même je commence à penser me faire rémunérer de temps en temps, parce que ça me permettrait de consacrer plus de temps à mon blog versus mon vrai travail. Je n'ai donc rien dans l'absolu contre "l'annonceur" et la monétisation. Et je sais que vous ne remettriez pas en doute mon intégrité puisque je le ferais en toute transparence.
Les filles qui vivent de leur blog en gardant une certaine indépendance, en étant honnêtes sur les opérations sponsorisées (traquez les mentions "billet sponsorisé", "en partenariat avec telle marque", #Add sur Instagram...), il y en a. Beaucoup. Et c'est très bien. Elles méritent ces rémunérations occasionnelles, car elles ont un média qui plait, de l'audience en adéquation avec la cible des marques qui les sollicitent, elles convainquent leurs lectrices d'acheter les produits qui les ont séduits... Les annonceurs les utilisent comme support publicitaire, donc qu'elles soient rémunérées de temps en temps, c'est tout à fait normal.
Mais purée de pois cassé : il y en a quand même trop qui abusent de la crédulité potentielle des lecteurs pour se faire toujours plus de sous. Et qui d'ailleurs parfois n'en ont carrément rien à f... de leurs lecteurs.
Mais purée de pois cassé : il y en a quand même trop qui abusent de la crédulité potentielle des lecteurs pour se faire toujours plus de sous. Et qui d'ailleurs parfois n'en ont carrément rien à f... de leurs lecteurs.
Bref. Je suis à mon tour en train de me plaindre publiquement de la blogosphère... J'écris même un billet "coup de gueule" !!! ;) Je ne l'avais pas prévu, c'est juste ce billet de 2012 qui m'a fait réagir à chaud. :)
Donc voilà. En 2016, certaines blogueuses et youtubeuses sont à la solde des annonceurs, tout comme le sont déjà contre leur gré les journalistes beauté. Pas toutes mais quelques-unes quand même et notamment parmi "les plus influentes". Et surtout - attention caricature et choc des générations !!, les plus jeunes sur Youtube (#pastaper).
Ces filles n'osent plus, hors opération sponsorisée, dire ce qu'elles pensent vraiment quand c'est un poil négatif. Ou n'en avaient d'ailleurs aucune intention (business is business). Au cas où la marque / l'agence pourrait en être offensée et ne pas / ne plus lui proposer de partenariat rémunéré.
Ces blogs et chaînes sous dépendance de l'annonceur deviennent des catalogues de publireportages.
Ces filles n'osent plus, hors opération sponsorisée, dire ce qu'elles pensent vraiment quand c'est un poil négatif. Ou n'en avaient d'ailleurs aucune intention (business is business). Au cas où la marque / l'agence pourrait en être offensée et ne pas / ne plus lui proposer de partenariat rémunéré.
Ces blogs et chaînes sous dépendance de l'annonceur deviennent des catalogues de publireportages.
C'est dommage.
La blogoyoutubosphère vaut mieux que ça. Non ?
Sauvons les blogueuses et youtubeuses beauté !!