Chez un de mes clients, il y a une apprentie qui a une double formation d'abord scientifique / ensuite marketing, et l'autre jour elle me demandait mon avis sur son profil (peut-être) un peu (trop ?) "atypique" pour travailler dans le marketing en cosmétique (... profil qui est également exactement le mien).
Je lui ai répondu que dans certains groupes franco-français un peu "traditionnels" dans leurs recrutements, si on ne sort pas de HEC, l'ESSEC ou l'ESC, on aura effectivement encore du mal à intéresser les DRH, mais que dans la plupart des autres boîtes, un profil double-compétences marketing + biologie pour intégrer un service marketing / communication en cosmétique, c'est le GRÂÂL !
Je lui ai répondu que dans certains groupes franco-français un peu "traditionnels" dans leurs recrutements, si on ne sort pas de HEC, l'ESSEC ou l'ESC, on aura effectivement encore du mal à intéresser les DRH, mais que dans la plupart des autres boîtes, un profil double-compétences marketing + biologie pour intégrer un service marketing / communication en cosmétique, c'est le GRÂÂL !
Prenons mon exemple personnel.
(ça va être un peu long mais comme on me demande régulièrement mon parcours étudiant et professionnel, et que je n'ai jamais pris le temps d'y répondre sérieusement, au moins, ce sera fait)
(allez vous préparer un thé pour accompagner la lecture)
(vous avez le droit à un carré de chocolat avec)
(allez vous préparer un thé pour accompagner la lecture)
(vous avez le droit à un carré de chocolat avec)
1/ Mes études, mon parcours
(avant mon activité de consultante)
Au lycée, bien que j'avais déjà une personnalité très sociale / créative / littéraire (cerveau droit, vous vous souvenez ?) et que je n'étais pas du tout intéressée par les sciences et la logique (maths, physique...), on m'avait dit qu'il fallait absolument que je fasse une Première S parce que les BAC A et B ne menaient à rien (au chômage ?) et que le BAC G, n'en parlons même pas (vous connaissez la chanson polémique de Sardou : Le bac G, bac à bon marché ?) (... je ne fais que répéter des jugements caricaturaux de l'époque, n'entrons pas ici dans le débat :)). "Et comme vous êtes plutôt bonne élève (enfin je ne vous raconte pas mes notes en math et physique de seconde, ce n'était pas non plus la grande classe), il serait vraiment ridicule de choisir une "voie de garage", Sophie, il faut privilégier la "voie royale", et le BAC C mène à tout, donc faites un BAC C." (fin de citation - les agents des CIO sont terribles). Bon, comme j'étais aussi un peu trop paresseuse pour faire un BAC C, j'ai fait un compromis et zou, en BAC D.
(oui, "D", oui, je suis si vieille que ça - j'ai passé le dernier BAC D, l'année suivante il est devenu BAC S-SVT, donc spécialité biologie si vous n'aviez pas compris)
J'ai ensuite bêtement fait un DEUG B (Sciences de la Vie et de la Terre), parce que je ne savais pas quoi faire. En fait, je voulais faire journaliste, mais on m'en a vite dissuadée, et puis pour faire de la pub (j'aimais bien le métier du mari de Samantha dans Ma Sorcière Bien Aimée), il fallait entrer dans une école privée et payante donc c'était difficilement envisageable pour une fille d'instits défendant l'école publique, gratuite, laïque et obligatoire.
Et j'ai trouvé la science biologie vraiment intéressante, sincèrement (savoir comment fonctionne le vivant, c'est complètement dingue quand vous y pensez, on découvre de ces trucs, vraiment, c'est passionnant...), mais bon, avec un diplôme universitaire il me restait le choix entre devenir chercheur dans un labo sans ressource à bosser des années sur un sujet très pointu (la mutation du gène X32 du chromosome 5 de drosophile) sans savoir si j'allais trouver un jour (ce n'est pas pour rien qu'on dit "chercheur"), ou alors être prof, ou... bah c'était à peu près tout.
Donc panique à bord, enfin non, en réalité, je crois que je m'étais fait une raison et m'étais dit "ok pour instit, comme mes parents" (on est quand même vachement conditionné, non ?), et puis grâce à une copine qui m'a traînée (le mot est faible) (je ne la remercierais jamais assez) (je l'ai complètement perdue de vue, je ne sais pas ce qu'elle est devenue, vous savez, à l'époque on n'avait pas de mail et de portable) (merci Elise) (Elise ? J'ai même un doute sur le prénom, ça fait si longtemps...) à un salon sur les écoles d'ingénieurs, je suis tombée sur le stand de l'EBI, Ecole de Biologie Industrielle, et là, j'ai commencé à voir un véritable intérêt personnel à étudier la biologie.
Et j'ai trouvé la science biologie vraiment intéressante, sincèrement (savoir comment fonctionne le vivant, c'est complètement dingue quand vous y pensez, on découvre de ces trucs, vraiment, c'est passionnant...), mais bon, avec un diplôme universitaire il me restait le choix entre devenir chercheur dans un labo sans ressource à bosser des années sur un sujet très pointu (la mutation du gène X32 du chromosome 5 de drosophile) sans savoir si j'allais trouver un jour (ce n'est pas pour rien qu'on dit "chercheur"), ou alors être prof, ou... bah c'était à peu près tout.
Donc panique à bord, enfin non, en réalité, je crois que je m'étais fait une raison et m'étais dit "ok pour instit, comme mes parents" (on est quand même vachement conditionné, non ?), et puis grâce à une copine qui m'a traînée (le mot est faible) (je ne la remercierais jamais assez) (je l'ai complètement perdue de vue, je ne sais pas ce qu'elle est devenue, vous savez, à l'époque on n'avait pas de mail et de portable) (merci Elise) (Elise ? J'ai même un doute sur le prénom, ça fait si longtemps...) à un salon sur les écoles d'ingénieurs, je suis tombée sur le stand de l'EBI, Ecole de Biologie Industrielle, et là, j'ai commencé à voir un véritable intérêt personnel à étudier la biologie.
Petite parenthèse : juste avant l'EBI, j'avais fait un stage de 6 mois à temps partiel dans la laboratoire de nutrition humaine de l'INSERM,où j'ai étudié l'influence de la palatabilité des aliments sur des réponses de la digestion (satiété, dépense calorique...). Palatabilité, ça veut dire est-ce qu'on aime ou pas un aliment, de manière quantitative, pas qualitative. Et j'y ai appris plein de choses sur la nutrition, qui m'ont servi par la suite.
L'EBI, c'est une école qui a été crée par des industriels des domaines touchant à la biologie (pharmacie, cosmétique, alimentaire, bio-dépollution...) (des industriels comme L'Oréal ou Air Liquide) qui à l'époque avaient le choix de recruter des pharmaciens ou des ingénieurs agro, à la limite des diplômés universitaires en Sciences de la Vie (enfin non, pardon, je retire ce que je dis, parce que les universitaires sont - à tort - rarement les bienvenus dans le privé) alors qu'ils avaient besoin de profils un peu au milieu des deux, disons des sortes d'ingénieurs spécialisés dans les sciences du vivant, capables de faire de la recherche appliquée, de trouver des solutions à des problématiques industrielles, de faire concrètement et rapidement les choses et en rapport direct avec les besoins du marché. Pour moi, ça voulait dire pouvoir toucher à des produits du quotidien, développer de nouveaux aliments, de nouveaux cosmétiques... c'est à dire créer. Donc oui, là, ça m'intéresse un peu plus.
(vous êtes toujours là ?)
J'ai donc intégré l'EBI directement en 3ème année (puisque j'avais déjà mon DEUG) (on dit encore DEUG aujourd'hui ou ça n'existe plus ?). J'y ai notamment découvert la cosmétique, via un stage, un peu par hasard, chez Darphin, à l'usine, en contrôle qualité (c'est à dire que je vérifiais par diverses mesures physicochimiques, visuelles, tactiles et olfactives que les produits qui sortaient des cuves de fabrication étaient conformes - en gros, j'avais toujours les mains et le nez dans les crèmes - fantasme de certains d'entre vous, j'en suis sûre !!), puis là, gros coup de coeur. Révélation. Je VEUX faire des cosmétiques. Plus précisément, j'étais fascinée par l'Art de la responsable formulation (Laurence, que je salue au passage) et je voulais faire comme elle, créer des crèmes de beauté, jouer avec les textures, les parfums, choisir des ingrédients actifs, assurer la stabilité des produits dans le temps...
L'été suivant, je suis retournée chez Darphin, en formulation cette fois (youpiii !), et puis pour mon stage de fin d'études, j'ai intégré le Laboratoire Santé Beauté, qui détient des marques de grande surface comme Barbara Gould, Linéance, Email Diamant, Poupina, Nair... (certaines de ces marques n'existent plus me semble t-il), au sein du labo de formulation, et j'ai étudié les matières premières, formulé, formulé, et ça a commencé légèrement à m'ennuyer, et puis les filles du labo (Isabelle, Erika, Anne), qui avaient 4-5 ans de plus que moi m'ont dit "Sophie, il est encore temps. Fuis. Fuis la R&D. Vas faire du marketing. Ici, tu ne fais qu'exécuter les désirs du marketing. Ce n'est pas créatif. Tu vas finir par te faire chier. En plus elles gagnent vachement plus de thune que nous. Non, vraiment. Fuis, Sophie, fuis !" (je caricature un peu).
Dont acte.
(elles m'avaient bien cernée)
(je précise que chacun ses goûts, chacun sa personnalité, et je conçois tout à fait qu'on puisse s'éclater en formulation)
J'ai ensuite travaillé chez Oenobiol (à l'époque Oenobiol faisait des produits cosmétiques en plus des compléments alimentaires) comme chef de projet à l'interface entre la R&D, la production, le réglementaire et le marketing, avec une dominante technique mais j'avais quand même beaucoup de liberté sur le développement des produits (choix des actifs et du concept global, des textures...) et j'étais force de suggestions pour le marketing - en gros j'étais ce qu'on aurait pu appeler dans une plus grande structure "chef de produit développement" (et coucou en passant Jeanne, Fabrice, Aurélie, Joachim, Daphné et compagnie). C'est là que j'ai commencé à toucher au marketing et à la communication et c'est ce qui me faisait le plus triper.
Je vous passe les détails mais après 4 ans, j'ai fait 1 an au service Trade Marketing, qui regroupe le marketing et la communication sur le lieu de vente, c'est à dire s'assurer que les pharmaciens soient bien formés sur la gamme et les nouveautés, les inciter à vendre de l'Oenobiol plutôt que la concurrence, mettre en avant les produits en officine à l'aide d'affichettes, présentoirs de comptoir, offres promotionnelles..., bref absolument rien de technique ou scientifique là-dedans. Bon, c'était rigolo 5 minutes mais moi j'avais besoin d'être plus en amont, de créer les produits, c'était mon truc, car je maîtrisais à la fois le côté créatif, connaissance marché, innovation marketing et technique. Je me sentais frustrée, trop en aval.
(... c'est le moment d'aller faire une pause pipi, on a fait un peu plus de la moitié)
(... c'est le moment d'aller faire une pause pipi, on a fait un peu plus de la moitié)
J'ai ensuite "pris le risque" de travailler pour une start-up, Icy Beauty, qui proposait des produit fous développés par des ingénieurs encore plus fous (bisous Fadi, Pierre, Lionel et les autres) : les crèmes de beauté étaient conditionnées dans des pots auto-réfrigérants, une technologie écologique à base d'eau, de vide et de céramique, qui permettait de refroidir les crèmes de 20° en 2 minutes et leur donnait des propriétés antirides époustouflantes avec avant/après en 5 minutes complètement dingues. J'étais Responsable Marketing et Communication, ça a été une merveilleuse école de la débrouille, et de terrain, puisque les produits étaient vendus chez Colette, Galeries Lafayette, Bon Marché..., et que j'y allais régulièrement prendre la température. Une merveilleuse aventure humaine aussi (poke ceux qui se reconnaîtront - une pensée toute particulière pour Alexa). Malheureusement, comme c'est souvent le cas pour les marques cosmétiques start-up, l'aventure s'est terminée brutalement fin 2008.
Je me suis retrouvée au chômage. L'angoisse pendant une semaine, jusqu'à ce que je me rende compte qu'on est plutôt bien protégé en France et que j'avais 2 ans d'Assedics devant moi qui me permettaient de prendre un peu le temps de réfléchir à ce que j'avais envie de faire, et surtout ne pas faire.
Plusieurs amis du Métier (Ludmilla, Jean-Luc, Savéria, Magali...) m'ont suggéré de monter ma propre structure, pour aider les start-up en cosmétique. J'avais déjà une petite dizaine d'années d'expérience, je pouvais donc vraiment les aider. J'ai dans un premier temps refusé, car l'entrepreneuriat n'est pas dans mes gènes. J'avais besoin de prendre l'air et je suis partie en mission d'aide au développement en Inde avec ASMAE, dans un pensionnat de campagne de petits intouchables. Une expérience merveilleuse, vous imaginez bien. J'ai d'ailleurs renouvelé l'expérience quelques mois plus tard au Caire, dans l'école du quartier des chiffoniers créée par Soeur Emmanuelle.
En rentrant d'Inde, ma copine Soumya, qui tenait un blog, m'a suggéré de démarrer un blog beauté, parce que c'était la crise, que je n'allais peut-être pas trouver un nouveau boulot tout de suite, d'autant plus si je faisais ma difficile (à 30 ans passés, j'avais besoin de travailler en accord avec moi-même, c'est à dire éthiquement - ce n'est pas toujours simple en marketing cosmétique, et avec du temps pour ma vie perso, sans me tuer à la tache - ... ce n'est pas toujours simple en marketing cosmétique). Je ne connaissais absolument rien à la blogosphère, je ne savais même pas que des blogs beauté existaient, mais l'idée me plaisait. L'idée d'écrire (j'adore), de m'exprimer sur un sujet qui me passionne et que je maîtrise plutôt pas mal, de faire partager un peu de ce savoir aux autres, d'échanger (si vous saviez comme vos commentaires sont importants !), de m'inciter plus encore à me tenir au courant de ce qu'il se passe dans le monde de la Beauté... Je ne l'imaginais pas alors, mais ce blog m'a aussi apporté un TAS de rencontres, tant professionnelles qu'amicales. J'ai donc lancé (dé)maquillages, il y a presque 6 ans maintenant (le 26 janvier 2009).
Juste après, j'ai eu l'opportunité de travailler 3 mois à la Direction de l'Innovation L'Oréal. C'était comme une mission en consulting, quelque part, une répétition générale pour la suite. J'ai bossé sur les us et coutumes en matière d'hygiène (visage, corps & cheveux) à travers le monde, comment se lavent les japonaises, les coréennes, les américaines, les françaises, les anglaises, les brésiliennes..., et pourquoi elles le font de cette manière là et pas d'une autre (tout est culturel, mes amis). J'ai travaillé sur des concepts innovants-mais-top-secret-bien-évidemment que l'on proposait aux marques mais dont personne ne voulait parce qu'ils étaient trop rupturistes, trop risqués. J'ai rencontré des gens très différents de moi dans leur culture cosmétique et leur manière de travailler (poke Valérie, Marion, Alex...). J'ai pu voir L'Oréal de l'intérieur et me faire ma propre opinion (un jour je vous écrirai un post à ce sujet). Et j'ai pu décider que non, malgré une certaine opportunité qu'on me proposait, ce groupe n'était pas fait pour moi, et que oui, je crois, oui, après tout, j'ai bien envie de lancer mon activité de consultante freelance...
Quelle activité, exactement ? A ce moment-là, c'était encore un peu flou... J'avais touché à tous les métiers ou presque, mais je n'étais experte nulle part. A part "en cosmétique" au sens large. Comment se positionner après ça ?... Je vous raconterai tout cela au prochain épisode !! (quel suspense...)