Cela fait un moment que je voulais aborder ce sujet, et je me suis rendu compte que moi-même, qui pourtant parlais beaucoup depuis les début de ce blog de nouvelles marques, de marques "alternatives" comme on dit, ou "de niche", "émergentes", avec des personnalités affirmées, des idéaux, de la bienveillance, de l'exigence... et des petits moyens, moi-même je n'en parle plus.
En fait je ne parle presque plus que de marques bien installées. Dont certaines ex-marques de niches qui ont bien réussi - voire ont été rachetées par de plus gros (Erborian, Garancia, Filorga, Urban Decay, Benefit, Kiehl's, Glam Glow...), . Mais plus vraiment de toutes petites nouvelles marques.
En fait, je ne reçois même plus de propositions de la part de telles marques. Enfin si, un peu, mais largement moins qu'avant, et pas forcément pour des gammes avec des partis pris qui m'intéressent.
(ceci est un trou noir)
Pourquoi ?
J'y vois 2 raisons principales :
1. Il y en a beaucoup moins qui se créent, et celles qui se sont créées n'ont pas survécu plus de 2-3 ans la plupart du temps.
Ça je le vois même dans ma profession au quotidien car autant avant j'étais régulièrement sollicitée pour participer à la création ou l'affinement de positionnement de marques (Romy, Codage, Omum, Aménaïde...), autant aujourd'hui ça devient très rare. Voire ça ne m'est pas arrivé depuis 2 ans (la dernière, c'était Zawadi).
Autre exemple : le salon Beyond Beauty, qui était une sorte de rampe de lancement des marques émergentes depuis - de mémoire - 2001, a rendu son dernier souffle l'année dernière (ou l'année d'avant ?).
2. Celles qui restent n'ont pas les moyens d'aborder les influenceuses.
Non pas qu'elles aient moins de moyens que les précédentes qui elles-même n'en avaient pas, mais cela devient très compliqué d'intéresser les blogueuses, youtubeuses et autres instagrameuses ou snapchateuses.
Parce que les influenceuses sont over-sollicitées (ça, ce n'est pas nouveau) et surtout parce que la plupart d'entre elles se sont professionnalisées et privilégient les partenaires les rémunérant. Et ce ne sont pas de petites rémunérations. Tout le monde ne peut pas se les payer. Moi même, sans vouloir vivre de mon blog car j'ai une activité passionnante par ailleurs, j'ai commencé à accepter les opérations sponsorisées (j'en ai fait 4 depuis 1 an), et si je n'ai pas le niveau de rémunération de certaines, je suis quand même très bien payée. Donc les filles privilégient le placement produit (ce que je peux comprendre et que je trouve tout à fait normal s'il y a une valeur ajoutée à ces partenariats, que c'est dans leur ligne éditoriale et réalisé en toute transparence), et délaissent malheureusement souvent les marques qui ne les rémunèrent pas, même si celles-ci sont susceptibles de les séduire et séduire leurs lecteurs.
J'évoquerais très rapidement les nouvelles influenceuses faussement passionnées ou assurément opportunistes qui ont débarqué à grands renforts de marketing, d'achat de faux like/commentaires et ne font que du placement produit honteux (notamment les starlettes de la téléréalité, sincèrement, au secours !) (les marques les achètent - cher - pour faire du "buzz", de la visibilité auprès d'une cible pas très bien "adressée" comme on dit, car niveau transformation en achat, c'est proche de zéro : j'ai eu plusieurs témoignages d'agences / marques / influenceuses et je ne vous citerai qu'un seul exemple que j'ai lu récemment, Kim K - 100 millions d'abonnés Instagram - qui avait été payée une fortune pour parler d'un produit à 30€ et devinez combien il s'en est vendu ?? 30 exemplaires. 30*30€ de chiffre d'affaire = une bien bonne opération commerciale !!) (bon c'est un extrême bien sûr)
Voilà, du coup, nos petites marques sans budget restent sur le carreau.
Et les marques émergentes qui marchent, ce sont celles qui n'arrivent pas les poches vides, ou qui se sont fait rapidement repérées et rachetées ou investies par des groupes / fonds d'investissement, voire qui ont été créées par des groupes cosmétiques qui leur ont donné les moyens de faire de la publicité.
ET JE TROUVE CA TRISTE.
Même si, franchement, toutes les nouvelles marques n'envoyaient pas du bois et que moi-même je "m’amusais" (jaune) à prédire celles qui pourraient tenir (bon positionnement marketing, créateurs entreprenants, bon réseau...) ou non (la plupart). Et que je ne parlais que de celles qui me bottaient vraiment.
Pendant qu'on y est, j'en profite pour faire une autre réflexion sur la cosmétique de niche.
La folie marques émergentes a démarré au début des années 2000, avec parallèlement l’ouverture de petites enseignes de distribution spécialisées comme La Parfumerie Générale, créée par Victoire de Taillac (qui n'aura pas survécu, arrivée trop tôt) (depuis, Victoire, toujours à la pointe, a repris puis revendu avec son mari Cire Trudon puis a créé Buly, l'enseigne rétro-inventivo-authentico-chic dont je vous ai déjà parlé ici), ou de grands espaces dédiés comme aux Galeries Lafayette et au Printemps (espaces qui au fil du temps ont été réduits comme peau de chagrin jusque très récemment où ils s’agrandissent à nouveau et vous allez comprendre pourquoi au prochain paragraphe).
Une sorte de dégonflé de soufflé, donc, jusqu'à ce qu’arrivent... Les influenceuses !! Je parle des influenceuses vraiment passionnées, celles qui font de la transformation, bien sûr. Et... les box beauté.
Depuis, parallèlement à la décroissance de la création de marques, on observe une réelle croissance de certaines marques émergentes qui ont su prendre le train de la réussite en marche. Et ça, j'en suis persuadée, c'est vraiment grâce à des influenceuses convaincues qui ont fait passer le message de l'alternatif à leurs lecteurs, et aux box beauté qui ont su les mettre en avant, les démocratiser et les faire tester.
(... et aussi un peu à cause de l'anxiogénisation ambiante sur les ingrédients cosmétiques et les "grands groupes", mais ça c'est presque une autre histoire)
Voilà pour cette petite réflexion un peu décousue du mardi matin. N'hésitez pas à réagir, je suis sûre que vous avez plein de choses à ajouter !