Je profite d’un trajet Paris-Nord / Bruxelles Midi / Rotterdam / Amersfoort (ma vie est fantastique) pour entamer une petite série d’articles sur le décryptage des listes d’ingrédients cosmétiques. Pas de panique, je vais essayer de faire clair, concis et astucieux (!) pour vous aider à mieux les comprendre et éviter leurs nombreux pièges.
Vous connaissez peut-être déjà les bases, car de nombreux blogs les ont déjà exposés, avec +/- de justesse ou d’exhaustivité. Reprenons-les ensemble.
1/ Les noms des ingrédients sont indiqués en langage universel : INCI pour les cosmétiques vendus en Union Européenne, CTFA pour ceux vendus aux Etats-Unis, et en général un mélange des deux quand les produits sont vendus un peu partout dans le monde. C’est une règle obligatoire dans ces pays-là, tout le monde doit s’y soumettre, en toute transparence.
En revanche, on n’indique pas les % (ce serait quand même le comble, tout le monde pourrait copier tout le monde !) et il y a une exception : on n’est pas obligé (et d’ailleurs on ne le fait jamais) de détailler la composition des parfums (par parfums, j’entends aussi les parfums des crèmes et maquillages), on écrit « parfum » en INCI et « fragrance » en CTFA.
2/ Les ingrédients naturels ou d’origine végétale sont souvent en latin (pour la dénomination INCI) (c’est en fait leur classification botanique) et/ou en anglais (dénomination CTFA). En CTFA, on précise aussi la forme (huile, extrait, poudre,…) et la partie de la plante dont il est extrait (graine, fleur…) - le tout en américain, bien sûr.
Exemple : Simmondsia chinensis, Jojoba seed oil, Simmondsia chinensis (jojoba) seed oil, 3 manières d’indiquer l’huile de jojoba.
Mais quand ce sont des molécules précises extraites ou dérivées du naturel (pas un extrait « total » végétal comprenant de multiples molécules comme les huiles végétales, huiles essentielles et divers extraits de plantes), elles sont la plupart du temps indiquées sous leur nom chimique (chimique ne veut pas dire synthétique, ni d’ailleurs irritant ou toxique) ou un équivalent spécifique INCI / CTFA quand le nom chimique est trop compliqué, et parfois en anglais s’il s’agit d’une molécule « commune » (exemple : coco glucoside, hyaluronic acid, escin, bisabolol, sodium chloride, chitosan, kaolin...).
Nous reviendrons sur les moyens de repérer les ingrédients naturels dans un article dédié.
Test pour voir si vous avez bien suivi : quelle(s) dénomination(s) réglementairement correcte(s) parmi les 3 précédentes pour l’ingrédient huile de jojoba si j’achète mon produit cosmétique en Italie ?
3/ Les substances de synthèse sont indiquées par leur dénomination chimique ou un équivalent plus court lorsque ce sont des molécules à rallonge, en version anglaise (exemples : isononyl isononanoate, methylparabène pour 4-hydroxybenzoate de méthyle, citric acid, acetyl hexapeptide-1…).
Nous reviendrons aussi sur ce point, notamment pour voir comment déceler les silicones (il ne suffit pas de chasser les terminaisons en -one, il y a des « faux-amis) ou les molécules « plastiques ».
4/ Les ingrédients sont classés par ordre décroissant jusqu’à 1% et sous 1%, les fabricants peuvent les inscrire dans l’ordre qu’ils souhaitent (personnellement, j’aime bien jouer avec cette exception à la règle mais tous ne le font pas).
Nous y reviendrons plus tard également, avec des astuces simples pour évaluer les doses des ingrédients, puisque nombre d’entre vous aimeraient avoir une idée des concentrations en molécules polémiques (y a-t-il plutôt 30% ou 3% de silicones ?), en ingrédients d’origine naturelle et/ou en actifs (et d’ailleurs, est-ce forcément mieux d’avoir 30% d’actifs que 3% pour que le produit soit efficace ? il y a un piège mais vous le savez déjà si vous avez lu
mon article sur les peptides).
5/ Il y a beaucoup de faux-amis. Des ingrédients qui semblent hyper toxiques ou irritants alors que non (comprenant notamment les mots « acides » ou « alcohol »), des ingrédients avec la même dénomination INCI qui peuvent être à la fois d’origine naturelle ou synthétique (comment faire la différence ?), des ingrédients animaux qui cachent bien leur jeu, des ingrédients qui portent mal leur nom (par exemple « castor oil » ne signifie pas « huile de castor », vous le saviez, j’espère !)...
Je prévois également un article dédié sur le sujet, on va bien rigoler.
Voilà pour le programme, j’espère qu’il vous plait, j’oublie peut-être des points qui me reviendront plus tard ou que vous me soufflerez en commentaire, j'espère n'avoir pas écrit de coquille car je fais tout cela de tête, et sur ce je vous laisse, j’arrive à Rotterdam !